Cécile | saison 3 | épisode 2
“Soigner, c’est aussi écouter.”

Cécile : J’ai trouvé exactement ce que je voulais faire comme métier, mais vraiment par hasard.

Cécile : Il y a beaucoup de choses que j’ai dû apprendre, mais par contre, je m’éclate, je m’éclate tous les jours et ça, je me dis mais ça, c’est... Quelle chance, quelle chance !

Hervé (off) : Bonjour et bienvenue dans Travail soigné, le podcast des gens qui aiment leur métier et qui en parlent bien. Dans cette série, je vous invite à découvrir des personnalités hors du commun, leur rapport au travail et leur satisfaction intime d’exercer leur métier avec soin.

Hervé (off) : Une fois encore, nous sommes à Paris et une fois encore dans mon quartier... Alors vous allez dire que je ne me fatigue pas trop, mais j’ai quand même traversé mon arrondissement à pied. Vous noterez l’effort ! :) Je joue donc à domicile, mais pour une bonne raison, car aujourd’hui, je vous emmène chez ma dentiste. Pour tout vous dire, je ne la connais que depuis quelques mois, mais il se trouve que dès ma première consultation, j’ai instantanément compris que j’avais trouvé là une perle. Je n’étais pas tombé sur des tortionnaires jusqu’ici mais je n’avais jamais ressenti autant d’attention envers moi sur ce fauteuil que l’on trouve rarement confortable. Un truc évident. Et ça n’a pas manqué, à l’issue du rendez-vous : je lui proposais de l’interviewer. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Cécile a joué le jeu, saisissant l’occasion pour s’interroger sur son rapport au travail, à son métier, se livrant spontanément avec toute l’humanité qui la caractérise.

Hervé : Bonjour.

Cécile : On y va ?

Hervé : On y va, je vous suis... Aujourd’hui, je dis “bonjour Cécile” ou “Bonjour docteur” ?

Cécile : Vous dites bonjour Cécile quand même. Comme on va se raconter plein de choses, c’est plus sympathique.

Hervé : Je suis quand même passé par la salle d’attente comme on fait d’habitude.

Cécile : Normal. En fait, on laisse toujours un moment au patient pour un peu... Enfin là, vous n’êtes pas patient...

Hervé (off) : Cécile arbore une assurance décontractée, le physique d’une marathonienne et une bonne humeur communicative.

Cécile : Voilà tout droit. Et au fond, vous connaissez le chemin.

Hervé (off) : Sur plusieurs sujets que nous avons abordés, Cécile m’a rappelé Pia, la sage-femme dont j’avais brosser le portrait dans le deuxième épisode de la deuxième saison de Travail soigné, à commencer par le hasard qui l’a conduite vers son métier.

Cécile : Alors, on va la faire brève. Quand j’étais au lycée, il y a deux choses qui m’intéressaient, c’était la biologie et la danse. J’adorais la danse. J’ai toujours fait du sport, du hand, du basket, tout ça, mais la danse était quand même la chose proéminente. Donc, à partir de là, la question, c’était “qu’est-ce qu’on fait ?” Et donc je me suis dit, je vais faire médecine parce que j’adorais la biologie. Je ne voulais pas forcément être médecin, mais j’avais trouvé formidable la biologie où on apprenait tout ce qui était génome, les maladies génétiques, les trucs incurables, etc. Je me voyais très bien de travailler en milieu hospitalier ou en recherche pour ça. Donc, je me suis inscrite en médecine donc première année... Évidemment, je me suis bananée. Normale. Enfin, j’ai travaillé un peu, mais j’étais surtout... Premier appartement, vous êtes libre, donc je travaillais ce qu’il fallait, mais ils ne m’ont pas suffisamment. Et puis, deuxième année, donc, là par contre, je me suis vraiment attelée à le faire sérieusement. Et en fait, il m’a manqué trois places pour être suffisamment bien classée pour être en médecine. Et là, on m’a proposé d’aller en dentaire. Donc j’ai commencé par dire qu’il y avait une erreur parce que je m’étais jamais inscrite en dentaire. Mais à l’époque, médecine et dentaire, la première année, effectivement, était commune. Mais alors, moi, c’est une information que j’avais complètement mis de côté. Je voulais aller en médecine, de toute façon. Le doyen m’a dit “Réfléchissez parce que si vous refusez ces deux ans... il faut repartir à zéro". Mes parents, heureusement, m’ont dit un peu pareil “Ça fait deux ans que t’es truc, alors essaye, au moins, essaye”. Et donc, je suis allée à la fac, mais en me disant “je vais tenir un mois parce que vraiment, les dentistes, c’est tous des sauvages”. Et puis, en fait, c’était génial... Des études médicales très intéressantes. C’est très manuel, dentaire, donc là, je me suis retrouvée à sculpter, à dessiner, à tailler. Donc, c’était génial. Donc, j’ai trouvé exactement ce que je voulais faire comme métier, mais vraiment par hasard. Je pense qu’à l’époque, je voyais pas plus loin que le bout de mon nez, c’est à dire que je prenais les choses comme ça venait au fur et à mesure. Les deux premières années, effectivement, sont uniquement techniques. On n’est pas encore en clinique, mais ce que je faisais en tant que tel à la fac, les TP, les cours, tout ça, ça me plaisait. Donc ça me allait très bien comme ça. Après, effectivement, il y a eu l’étape, arrivée en quatrième année où là, on se retrouve face à des patients. Eh bien, ça a été encore plus génial. Là, on se retrouve du jour au lendemain, on a des patients, on les soigne. Les gens ressortent en disant “C’est formidable, j’ai plus mal”. Vous avez un enfant, c’est un de mes tout premiers patients à l’hôpital qui m’a dit “ Ah la la. Mais je vais être dentiste plus tard !" Ça vous donne pas envie d’être dentiste, ça, après ? C’est vrai. Enfin, ça tout de suite été des très beaux échanges. J’ai tout de suite aimé m’occuper des gens, en fait.

Hervé (off) : Fière de ses origines berrichonnes, Cécile a commencé médecine à Tours, puis enchaîné sur dentaire à Reims pour finalement suivre son amoureux à Paris. Après dix ans d’activité, elle s’est installée dans le 11e arrondissement, il y a une vingtaine d’années, avec une consœur qui partage ses valeurs. Son cabinet est situé à l’angle d’une rue et d’un boulevard, à quelques pas de la place de la Bastille, un quartier animé. On y entend d’ailleurs la rumeur de la ville, car ça bouchonne fréquemment sous ses fenêtres. Le cabinet du dentiste, c’est souvent un lieu froid et impersonnel auquel on prête peu d’attention. Probablement préoccupée par ce qui nous y conduit. Mais chez Cécile, quelques détails dénotent.

Cécile : Ça fait partie des choses aussi qui me font énormément plaisir dans mon métier. J’ai des nouvelles et ça, j’adore ! Des patients qui m’envoient un mail de temps en temps, une carte postale à Noël... C’est pas grand-chose, c’est deux ou trois dans l’année, mais j’adore.

Hervé : Ça pour le coup, je suis vraiment surpris parce que ça ne me serais jamais venu à l’esprit.

Cécile : Vous n’envoyez pas de cartes postales à votre dentiste?

Hervé : Pas encore, en tout cas.

Cécile : Les gens font des choses assez extraordinaires, mais vraiment. Vous pouvez regarder dans ma pièce, j’ai beaucoup d’objets qui viennent de mes patients. Alors là, par exemple, vous avez ma petite reine d’Angleterre. Alors là, j’ai éteint la lumière, mais normalement, elle vous fait coucou comme ça. Voilà donc elle fait coucou à tout le monde. Ça amuse beaucoup de gens. Un patient, un jour, il m’a ramené ça. Il était parti à Londres et je ne sais pas pourquoi il m’a amené ça. Sur le coup, je me suis dit “C’est bizarre” parce que bon, c’est un peu kitsch. Ben en fait, tous les matins, je l’allume, cette petite reine comme ça, elle me fait coucou et je trouve ça tellement insolite que ça me plaît et ça me détend. Je commence bien ma journée. Parce que vraiment, ici, c’est chez moi. J’en ai voulu un endroit très personnel, mais c’est aussi chez mes patients. Voilà donc d’autres petits objets, dont des petites statues encore. J’ai une petite libellule que j’aime beaucoup. Vous la voyez?

Hervé : Non.

Cécile : Ha ha ! Ma petite libellule. Elle est extraordinaire. Ça, c’est une patiente qui m’a ramené ça... Il y a très longtemps, c’était une de mes premières patientes, il y a pas loin de vingt ans, dans ce cabinet, en tout cas, qui avait ramené ça de je ne sais plus quel pays... Pays d’Asie... Thaïlande, je crois. Voilà. Et donc, ça fait vingt ans qu’elle est comme ça, perchée sur mon ordinateur. Et entre temps, j’ai changé d’écran. Mais la libellule est toujours là.

Hervé (off) : Comme je vous le disais, Cécile a pris ma demande très au sérieux, s’interrogeant sur son métier et sa pratique. Répondant à des questions qu’elle ne s’était pas posées jusqu’ici. Mais vous l’aurez deviné, son carburant, c’est l’humain, les rencontres, la découverte. Et soigner, bien entendu.

Cécile : Le mot qui ressort de manière première, clairement, c’est le lien, le rapport, l’échange avec les gens. Et ça, je crois que c’est ce qui fait au quotidien que même quand je sais que je vais avoir des choses difficiles à faire, je vais avoir des choses qui vont amener du stress, enfin tout ça. Je sais que je vais avoir plaisir à voir mes patients. Je vais avoir plaisir à discuter avec eux, à rire, à discuter, échanger. Le deuxième mot qui m’est venu, c’est soigner, évidemment. Alors soigner, c’est soulager une douleur, c’est reconstruire quelqu’un. Certains patients ont des histoires qui sont difficiles, douloureuses, donc pour eux, c’est compliqué des fois de juste montrer leur bouche. C’est des patients, des fois, qui ont beaucoup souffert ou en tout cas qui sont dans une idée que le jour où ils vont venir chez le dentiste, on va peut-être les juger parce qu’ils ont des choses bêtes, du tartre, des caries ou il manque des dents. Donc moi, mon objectif, c’est de ne jamais juger les gens. Je pars toujours du principe que chacun a son histoire. Ce qui est important, c’est que le patient, il soit là et j’estime qu’à partir de là, c’est à moi de faire en sorte qu’il se fasse soigner. Et du coup, qu’on lui redonne le plaisir de sourire, la possibilité de manger, la possibilité de parler... Mais pour quelques patients, c’est vraiment une première étape, déjà, de venir au cabinet et d’oser ouvrir la bouche. Et ça, la confiance qu’on m’accorde, c’est toujours touchant. Quelqu’un qui vous fait confiance, que ce soit un ami, que ce soit un patient, que ce soit vos enfants... C’est toujours touchant. Mais c’est surtout que, pour certains patients, quand on sait la difficulté que ça représente pour eux, quand on voit la souffrance la première fois où ils viennent, quand on voit qu’ils reviennent et que ça y est, on a passé ce petit cap et que, du coup, la confiance est là. Ça veut dire surtout que, eux-mêmes, je sais que je vais pouvoir les aider. Je vais pouvoir les soigner et je me dis ça y est, le patient. Il a amorcé aussi quelque chose pour lui, de très positif. Chacun à son intensité et son degré de douleur ou de souffrance ou de regard sur soi-même. Donc, soigner, c’est ça, c’est écouter aussi. Moi, j’aime bien savoir qui je vais soigner, même pour un acte banal. Je pose beaucoup de questions. Des fois, les patients me regardent “mais de quoi tu te mêles ?”. Mais j’aime bien savoir à qui j’ai à faire, ça m’aide aussi à avoir un lien avec eux parce que chaque acte, en fait, en dentaire, est individuel. On n’aura jamais la même manière exactement de tenir une instrumentation des quartiers, une chose de tenir une langue, parce que tout ça, c’est l’intimité du patient. Il y a des patients qui vont accepter qu’on ait certaines positions avec nos mains pour travailler et d’autres non. Ça fait 30 ans que je travaille et ça fait 30 ans que j’essaye de comprendre ce que vivent les gens. C’est important. Je vais dans leur bouche, je vais dans leur intimité, donc il faut que je sache. Enfin, que je sache... Il y a des patients évidemment, ils viennent, ils ouvrent la bouche, ils repartent, et puis voilà, parce qu’ils vont chez le dentiste comme ils vont chez le coiffeur. Mais dans la majorité des cas, les gens, effectivement, aiment bien aussi qu’on fasse attention à ça. Et c’est normal. C’est légitime. En tout cas, c’est ce que j’essaie de faire. Voilà, on travaille, on est sur des personnes, sur des gens. Et puis le dentiste, c’est compliqué. Même quelqu’un qui a jamais souffert sur un fauteuil, qui n’a pas mal aux dents, qui vient, etc. Les gens ont quand même toujours un peu d’appréhension. Et je n’ai pas envie qu’on vive ça avec moi parce que je ne voudrais pas le vivre moi même, en fait.

Hervé (off) : On a tous expérimenté ou entendu des anecdotes de séances chez le dentiste désagréables, voire brutales, qui ne jouent évidemment pas en faveur de la profession. Quand vous croisez un type en soirée qui se présente comme dentiste, vous allez plus ou moins réprimer une grimace. N’est-ce pas? Il y a des métiers, comme ça, qui pâtissent des clichés. Et dentiste, est peut être l’une des rares professions médicales qui inspire une telle méfiance.

Cécile : Après, on a un métier qui est très technique. Et puis, quand on travaille en bouche, il faut savoir que le patient respire. Donc, ça nous met de la buée sur les instruments, on ne voit pas bien. Le patient déglutit, donc la langue vient. Le patient bouge, ce qui est normal. Ça demande énormément, énormément d’attention. Vraiment. Donc, c’est vrai que, moi, c’est ma manière de fonctionner. Mais effectivement, il y a certainement des praticiens qui vont être avant tout très concentrés sur eux, leur acte, et ce qu’ils doivent faire pour ne pas blesser le patient avec la turbine pour ne pas faire mal à la langue... Ils vont être très concentrés sur leurs actes parce que ce qu’on fait effectivement est très, très précis. Après, on a chacun son approche, mais c’est vrai qu’il faut quand même avoir cette notion qu’on a un métier qui est très, très technique et très difficile. Donc effectivement, j’arrive aussi à comprendre que parce que bon, là, ce que je vous raconte, ça peut faire un peu fleur bleue, peut être. Je pense que c’est la majorité. C’est 95 % de mon exercice. Et puis après, j’ai quand même les 5 % où là, je sais que clairement, ce que je vais faire, ça ne va pas être drôle. Ça va demander vraiment une concentration énorme. Et quoi qu’il se passe, que le patient bouge ou pas, tout ça. Il faut que j’y aille. “C’est comme ça, monsieur, je suis désolée” et donc là, effectivement, ça va être les 5 % de mon activité où le patient, il peut ressortir en disant “Punaise, elle m’a pas fait de cadeau, celle-là !”. Parce que des fois, ben oui, voilà... Il faut y aller quoi qu’il se passe. On sait que c’est ce qui va soulager le patient. On sait que c’est ce qu’il va être... mais c’est vrai qu’il y a toujours une notion que... on le sait que des fois, on va brusquer les patients. D’où l’idée que, effectivement, il faut discuter, il faut expliquer, il faut... Et donc même ces actes-là, j’ai envie de dire que ça arrivera toujours à se passer à peu près en douceur, enfin, que le patient, en tout cas, en garde pas un souvenir trop difficile.

Cécile : Alors, socialement, comment ça me situe ? Le fait est qu’effectivement, je ne commence jamais par dire ce que je fais comme métier parce que je trouve pas que c’est ce qui me définit. C’est pas ça, une personne. En tout cas, donc, à moins vraiment que quelqu’un me dise “oui, mais sinon, tu fais quoi de tes journées?”. C’est vraiment pas quelque chose dont je parle tout de suite. Et puis aussi parce que justement, très souvent, les gens ont ce problème de recul, que vous êtes à une soirée, que vous êtes juste là pour vous changer les idées et vous allez quand même avoir le type à côté de vous qui va vous raconter les complications de dents de sagesse, qui s’est fait extraire, sa couronne, qui tient pas et puis... Alors que non, vous êtes gentil, mais on est en soirée et je suis comme vous, je viens me détendre. Voilà, je ne suis pas là pour... Parce que en dentaire, il y a un truc. Mais c’est comme les femmes qui accouchent généralement vous racontent combien ça a été pénible, douloureux. Mais celle avec qui ça s’est bien passé vous racontent pas. Alors quand vous annoncez à quelqu’un, il va falloir extravagante sagesse, il commence toujours à vous dire. “Ah la la, non, parce que là, mon voisin, là, mais qu’est-ce qu’il a dégusté?” Et c’est toujours ce que je leur dis : mais en fait, les gens vous racontent toujours quand ça se passe mal, mais dans la majorité des cas, ça se passe bien. Sauf que les gens le racontent pas. Et ben, quand vous êtes dans un diner ou dans une soirée, en fait, dès l’instant, vous dites que vous êtes dentiste, on va forcément vous raconter ce qui s’est mal passé. Et ça, c’est vrai que des fois, pfff... Mais on va toujours vous raconter quelque chose quoi qu’il se passe. Je n’ai jamais vu quelqu’un dire “Ah oui, et alors? Ça te plaît ?” par exemple, on m’a jamais posé la question de savoir si mon métier me plaisait. D’ailleurs, je me rends compte vraiment en vous le disant. Voyez, je veux dire que non, je pense qu’on ne m’a jamais demandé si jamais mon métier.

Hervé : Je ne crois pas qu’on demande souvent aux gens s’ils aiment leur métier.

Cécile : C’est dommage parce qu’en fait, à la rigueur, sans savoir le métier qu’ils font, c’est quand même ce qui les définirait le mieux, c’est de savoir s’ils sont contents dans leur milieu professionnel.

Hervé (off) : En préparant cet épisode, je me suis dit qu’il serait difficile à vendre à celles et ceux qui ne s’attacherait qu’au métier à cause des a priori sur les dentistes. Mais vous l’avez sans doute compris, ici, la profession est un prétexte à la rencontre. Cependant, cet entretien avec Cécile m’a permis d’envisager son travail sous un autre angle et c’est aussi ce que permet Travail soigné.

Cécile : On ne s’ennuie pas dans notre travail, en fait. C’est vrai que quand on voit ça de l’extérieur, on se dit, un dentiste, c’est pas très rigolo, quoi... Il est dans les miasmes, dans la salive, les gens qui bougeottent, qui crachent. On fait des trous, on rebouche. Mais c’est vraiment pas ça. Chaque patient est différent, donc même un acte qui peut sembler similaire sera différent d’un patient à l’autre. Il faut mettre de l’humain dans ce qu’on fait, on n’est pas juste là pour faire des trous et les reboucher. C’est indispensable. Et surtout, on a un métier, on s’ennuie pas. C’est un métier qui évolue énormément au niveau technologique où en 30 ans, c’est hallucinant, c’est dingue les matériaux, les nouvelles techniques d’approche... Vraiment, c’est un métier qui est toujours en évolution. Donc, on ne s’ennuie pas. Faut être, curieux. Faut lire. Faut aller en formation. Faut rencontrer d’autres confrères, d’autres consœurs. Faut savoir se remettre en question. Moi, ça, je n’ai pas de problème avec ça. Parce que dès l’instant où j’ai un échec et on en a tous... Mais un échec, ça peut être, c’est un truc bête. C’est quelqu’un à qui je dois extraire une dent alors que je l’avais soignée il y a quelques années. C’est un truc bête, une couronne qui se descelle tout le temps, on se dit mais pourquoi toutes mes couronnes tiennent et pas elle ? En tout cas, on peut toujours se remettre en question et du coup, on peut toujours évoluer. Et ça, notre métier le permet parce que c’est un métier qui, année après année, amène toujours des réponses différentes à une solution. Intellectuellement, c’est très enrichissant parce qu’il va toujours falloir se questionner, même deux bouches identiques, c’est quand même deux patients différents qui n’ont pas non plus forcément les mêmes facilités financières, parce que c’est aussi la difficulté de notre métier, il faut le reconnaître. Les patients aussi redoutent ça, quand ils viennent chez nous, c’est en gros. Ils se disent bon, est ce que je vais pouvoir ? Quand moi, j’ai commencé à travailler et que j’ai commencé par des patients qui m’ont dit “Ah ben là, ça va être compliqué”. Pour moi, ça a été un vrai dilemme, en fait. Ça a été de me dire mais “qu’est-ce que je fais? Parce que en même temps, je ne peux pas les laisser comme ça, ces patients”. Et puis, en même temps, vous découvrez qu’à côté de ça, effectivement, vous avez un loyer, vous avez des salariés et il va falloir les rémunérer à la fin du mois. En fait, j’ai appris à estimer la valeur de mon travail. Ça aussi, c’est quelque chose qui s’apprend. C’est aussi un autre aspect du métier où je n’étais pas du tout dedans. En plus, je ne suis pas du tout d’un milieu comme ça, je suis tombée en dentaire complètement par hasard. Donc, il y a beaucoup de choses que j’ai dû apprendre. Mais par contre, je m’éclate, je m’éclate tous les jours et ça, je me dis mais ça, c’est... Pfff ! Quelle chance! Quelle chance !

Cécile : Mon métier aussi, le faisant dans une grande ville comme ça, c’est aussi que j’ai découvert des professions extraordinaires. Moi d’où je viens, tout ce qui est médias, ça n’existe pas. Tout ce qui est artistique, ça n’existe pas. C’est une petite ville de province classique que j’adore. Mais bon, voilà. Donc là aussi, ça m’a aussi permis de rencontrer une diversité de gens dans mes passions, qui font des métiers, mais tellement tellement différents. Des gens qui ont des histoires de vie aussi tellement tellement différentes. Ça aussi, c’est une richesse que mon métier, c’est d’avoir pu rencontrer tous ces gens-là !

Hervé (off) : Un grand merci à Cécile pour sa disponibilité, sa gentillesse et sa patience. Si vous avez aimé cet épisode, montrez le sur votre plateforme d’écoute préférée : un abonnement des petites étoiles et un commentaire, si votre application le permet, sont très importants pour qu’ils puissent être découverts par d’autres auditeurs. Et surtout parlez-en autour de vous. Vous pouvez suivre “Travail soigné” via les comptes Stereolab sur Instagram, Twitter et Facebook et m’envoyer vos suggestions pour de prochains épisodes. Merci pour votre écoute et à très bientôt.